Cameroun 1 - Congo 1 : il n'y a pas encore le feu, mais le briquet est sorti

Publié le par Atango

Alors que les pronostics donnaient le Cameroun largement gagnant, c'est la RDC qui a fait la bonne opération le samedi 9 octobre 2010 en contraignant les Lions Indomptables au match nul, dans les installations du stade Roumdé Adjia de Garoua.

Le match en lui-même a été à l'image de ce que l'on voit dans ce genre de situations : des visiteurs regroupés devant leur gardien, et des locaux sommés de prendre le jeu à leur compte et tentant désespérément de transpercer ou de déborder cette masse défensive. Et comme il arrive souvent dans pareille situation, les locaux se sont fait surprendre sur une contre-attaque.

J'ai lu beaucoup de commentaires suite à ce match, et tous parlent des lacunes du Cameroun, qui sont réelles, et j'y reviendrai. Mais très peu d'observateurs parlent des qualités de cette équipe congolaise, qui m'a paru sereine, très technique et pratiquant un jeu collectif du plus bel effet. Alors que les Camerounais effectuaient en moyenne deux contrôles avant chaque passe, les Simbas ont montré de belles phases de jeu en triangle, preuve qu'ils travaillent leur jeu collectif mieux que nos chers Lions Indomptbales. C'est l'effet que recherchait Robert NOUZARET en sélectionnant une majorité de joueurs du TP MAZEMBE. On oublie trop souvent que le football est un sport collectif, et que les résultats sont obtenus non par telle ou telle star, mais par un groupe.

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Les lacunes des Lions Indomptables ont été évidentes dès les premières minutes : ça manquait de percussion au milieu. Il faut aussi signaler que BEDIMO sur son flanc gauche n'a pas été suffisamment relayé par ASSOU EKOTTO. A droite, Marcel NJENG a fait un match correct, mais là aussi, on n'a vu aucun dédoublement avec BINYA. Dans l'axe, on l'a déjà dit, CHEDJOU a joué trop loin de l'attaque, en respectant visiblement les consignes des coaches qui souhaitaient qu'il se relaie systématiquement avec ENOH (quand l'un des deux monte, l'autre le couvre). Du coup, l'équipe a manqué de créativité dans ce secteur de jeu, et Samuel Eto'o a trop souvent été obligé de descendre d'un cran pour essayer de remonter des ballons, mais il va sans dire qu'il était rapidement cerné de toutes parts.

En réalité, selon ma lecture, il a manqué essentiellement des réglages "deux par deux". Les latéraux n'ont pas dédoublé avec les ailiers, les deux joueurs du milieu n'ont pas pu s'organiser pour s'imposer dans leur secteur, et les deux attaquants ne se sont pratiquement jamais trouvés de tout le match. On a beaucoup parlé des profils de ces joueurs. Je pense aussi à une carence de l'encadrement technique.

Pour prendre le cas des deux mlilieux : ENOH à l'AJax est un pur milieu défensif, dont la mission essentielle est d'enrayer les offensives adverses. Quant à CHEDJOU, il a déjà montré qu'il était assez technique et puissant pour suppléer les attaquants. La logique aurait voulu qu'ENOH soit fixé en "6", pour permettre à CHEDJOU de prendre plus de risques dans une position plus offensive.

A droite et à gauche, je ne vois aucune explication au fait que les deux ailiers ont dû se débrouiller tout seuls pendant tout le match. Le climat y est sûrement pour quelque chose : entre les joueurs camerounais qui évoluent tous sous des latitudes froides (certains y sont nés et y ont toujours vécu) et les Congolais qui jouent toute l'année à Lubumbashi, on voit tout de suite qui a joué ce match "à domicile." Néanmoins, les coaches auraient pu demander aux deux latéraux de se porter plus souvent vers l'avant, d'autant que les Congolais étaient organisés en bloc et ne menaçaient pas nos ailes. Une autre solution aurait été de passer rapidement à un 3-5-2, en faisant entrer un attaquant plus costaud et plus grand, capable de réceptionner utilement des centres et de mettre de la présence physique dans la surface adverse.

Pour parler de l'attaque justement, elle a été en dessous de tout. Entre Eto'o et Aboubacar, on n'a pas su qui était le "9" et qui était l'attaquant de soutien. Là aussi, les coaches auraient dû intervenir pour replacer ces deux joueurs, et pour que les deux ailiers et un milieu puissent apporter un surnombre dans leur zone.

En résumé, j'ai clairement ressenti une carence dans la gestion tactique de ce match. Il est temps dès maintenant d'anticiper sur le jeu que le Sénégal va nous opposer. Je doute que les Sénégalais puissent cadenasser le jeu comme l'ont fait les Congolais : ce n'est simplement pas leur tempérament. Le match sera donc plus ouvert. Néanmoins, la clé de ce prochain match se trouvera, pour la défense sur les ailes, et pour l'attaque dans l'axe. En clair, il nous faudra verrouiller nos côtés (je pense directement au très laxiste Benoît ASSOU EKOTTO) et trouver une solution au milieu pour que les attaquants soient soutenus et ravitaillés en ballons exploitables. Je milite pour une titularisation de MATIP en milieu défensif, avec devant lui un CHEDJOU autorité à prendre des risques offensifs.

Pour finir, signalons deux autres éléments qui ont été décisifs dans le match du 9 octobre :

1 - La grande performance de Kitiaba MUTEBA, le gardien du TP MAZEMBE et de la sélection congolaise, dont les interventions ont été décisives. En effet, si son équipe avait encaissé la première, elle aurait été obligée de se projeter vers l'avant, créant ainsi des espaces à Eto'o et à Aboubacar, deux joueurs qui sont profilés pour profiter de ce genre de situations. On aurait alors assisté à un tout autre match.

2 - La médiocrité technique des Lions Indomptables, qui commence à devenir un sujet préoccupant. Il est en effet clair que, dans cette équipe, le seul joueur capable d'exploiter proprement les passes qu'il reçoit, c'est Samuel Eto'o. Pour les autres, on ne compte plus les amortis manqués et les passes ratées. C'est l'une des principales raisons de notre impuissance face à des équipes regroupées.

Faut-il rappeler qu'en football, le premier contrôle est absolument capital ?

Publié dans Analyses

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